Le journaliste togolais, Joël Egah n’est plus. Le directeur de publication du journal « La Fraternité » s’est éteint dimanche après-midi alors qu’il ne présentait aucun signe de maladie. Une nouvelle consternante pour la corporation des journalistes. Les organisations professionnelles de presse saluent la mémoire d’un journaliste ardent défenseur de la liberté de presse. Des autorités ont également réagi.
Les premières informations font état de ce que le journaliste a succombé alors qu’il était à table. Le regretté a demandé qu’on lui apporte un médicament pour soulager un mal de respiration. Le temps qu’il ne soit servi, il perd le souffle de vie.
Ce décès intervient environ deux mois après la libération de Joël Egah de prison. En effet, le 10 décembre 2021, Joël Egah et deux autres journalistes ont été accusés d’outrage à l’autorité et propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux.
La procédure a été initiée suite à la diffusion de l’émission « L’autre journal » sur Youtube le 30 novembre 2021.
Après quelques jours à la Brigade d’investigations et de recherches (BIR), il a été déposé à la prison civile de Lomé en compagnie de Ferdinand Ayité. Ils n’avaient été libérés que le 31 décembre dernier et placés sous contrôle judiciaire.
A sa sortie de prison, Joël Egah a essayé de maintenir la dragée haute. Il s’employait à « détruire toute germe de rancœur, de haine, de récrimination, bref les moindre bribes de sentiment qui pourraient abaisser mon esprit librement engagé ».
Le journaliste n’a jamais dirigé son emprisonnement sur plainte de ministres du gouvernement togolais. Pour lui, il s’agissait d’une « prise en otage » de sa liberté. Il estimait qu’après 62 ans d’indépendance, sa mésaventure était la preuve qu’il y a encore beaucoup de travail à faire au Togo qui traîne un « lourd passif d’inconséquence envers soi-même, de culture minimaliste, de calculs sectaires obstrus ».
Les derniers jours avant sa disparition subite, il a repris la force de relancer son journal « Fraternité » et limitait ses déplacements entre sa maison et ses rendez-vous professionnels.
L’homme est resté égal à lui-même mais était persuadé qu’il subissait trop d’injustices : avant l’épisode de la prison, il a connu des suspensions de son journal de la part de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC) pour avoir critiqué une décision de cette institution.
A vrai dire, l’homme en avait plein sur le cœur mais ne savait pas comment évacuer sa frustration.
Joël Egah, un valeureux journaliste
Au lendemain de sa disparition, l’on note une grande émotion au sein de la presse togolaise et dans l’opinion générale. D’aucuns n’hésitent pas à lier la mort du journaliste à son passage par la prison. Rien n’atteste pour l’heure cette conception.
Joël Egah avait rendez-vous cette semaine avec le juge d’instruction pour le retrait de son passeport. Il a prévu d’effectuer un voyage professionnel en ce mois de mars. Au final, il ne retirera jamais son passeport mais a plutôt effectué le voyage éternel pour l’au-delà.
Pendant ce temps, l’Observatoire togolais des médias (OTM) a fait part de sa tristesse. Dans un communiqué, le tribunal des pairs a salué la mémoire du grand journaliste qu’a été Joël Egah et présente toutes ses condoléances à sa Famille, à la rédaction de Fraternité et à tous ses proches.
Le Conseil national des patrons de presse (CONAPP) a également salué un journaliste de talent.
« Le regretté confrère était extrêmement investi dans l’exercice de son métier. Des années durant, il a mis un point d’honneur à animer « Fraternité » », a écrit El hadj Arimiyao Tchagnao, le président du CONAPP.
Le Patronat de la presse togolaise (PPT) par l’entremise de son président, Isidore Akollor déplore la disparition du journaliste et implore le Ciel pour le repos de son âme. Il a ensuite présenté ses condoléances aussi bien à la famille biologique qu’à la famille professionnelle de ce grand défenseur des causes nobles.
Le ministre de la Communication et des Médias, Akodah Ayewouadan s’est dit attristé sur son compte twitter.
« Je suis profondément attristé par la disparition, ce dimanche, du journaliste Joël Egah, DP de l’hebdomadaire Fraternité. Ma solidarité à toute sa famille, ses confrères et amis à qui j’adresse mes plus sincères condoléances suite à cette douloureuse perte », a écrit le ministre.
Le président du Nouvel engagement togolais (NET), Gerry Taama s’est également prononcé sur la disparition du Directeur de publication de Fraternité. Le député togolais a présenté ses condoléances suite à cette « grande perte pour la presse togolaise« .
Joël Egah laisse derrière lui 5 orphelins, dont un nourrisson d’à peine un an.