La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) relance le débat sur le statut de détenu politique. La vice-présidente de cette institution de promotion des droits humains a déploré jeudi un usage parfois « erroné » de ce vocable la plupart du temps chez les Togolais. Pour Jacqueline Afi Atitso, on ne peut parler de la notion de « détenu politique » au Togo sur les médias.
La déclaration de Mme Atitso a été faite à l’occasion d’une rencontre d’échanges avec les organisations de la société civile sur les recommandations du 3è cycle de l’Examen Périodique Universel du Togo en vue d’un plaidoyer pour leur acceptation par le gouvernement.
En effet, des acteurs de la société civile ont violemment critiqué le 3è rapport national au titre du 3è cycle de l’EPU du Togo. Elles s’offusquent que le Togo ait été félicité par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour des efforts enregistrés dans la promotion des droits humains.
L’Association des victimes de la Torture au Togo (ASVITTO), par exemple dans un communiqué a remis en cause le rapport du Togo en dénonçant la présence d’un nombre important de prisonniers politiques au Togo.
Réagissant au sujet, Jacqueline Afi Atitso pense qu’il faut relativiser quand on parle de détenu politique au Togo.
« La notion de détenu politique au Togo, on ne peut pas en parler sur les médias. Avant tout, il faut définir les critères qui entrent en jeu quand on désigne quelqu’un détenu politique. Et là, nous avons les juridictions pour nous fixer », a -t-elle clarifié.
L’avocate ajoute qu’une fois qu’une affaire est pendante devant la justice, il ne revient à personne de s’ingérer pour savoir qui a raison ou qui a tort. Cependant, la CNDH a le pouvoir de se prononcer sur les dysfonctionnements éventuels qui pourraient greffer les procédures judiciaires.
« Tant que nous n’avons pas les fonds du dossier, nous ne pourrons pas dire si tel ou tel est prisonnier politique », a conclu la vice-présidente de la Commission.
Pas de détenu politique selon Christian Trimua
En décembre 2020, le ministre des droits de l’homme et des relations avec les institutions de la République indiquait qu’il n’y a de détenus politiques au Togo.
Dr Christian Trimua accusait les opposants et acteurs de la société civile à avoir tendance à manipuler des concepts rendant ainsi difficile la résolution des questions relatives aux droits humains.
« Le Togo n’a pas de détenus politiques. Au fond, ce sont des éléments de langage de vocabulaire qui sont utilisés à des fins politiques mais du point de vue judiciaire ce sont de détenus de délit de droit commun », avait indiqué le porte-parole du gouvernement.
Dr Trimua s’exprimat à l’occasion d’un dîner de presse du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo dans le cadre de la journée internationale de la Déclaration universelle des droits de l’homme.