Dans son message du nouvel an, Jean-Pierre Fabre n’a fait aucun cadeau à la Dynamique Mgr Kpodzro. On connaît déjà la difficile cohabitation entre l’Alliance nationale pour le changement (ANC) arrivée loin derrière ce mouvement ayant soutenu Agbeyome Kodjo à l’élection présidentielle de février 2020. M. Fabre s’est attaqué aux « charlatans, fanfarons, imposteurs » ou encore aux « prestidigitateurs » qui ont donné un « coup d’arrêt à la lutte pour le changement ». Se déclarant disponible à une union pour la reprise de la lutte, le maire d’Amoutivé pose ses conditions.
« Notre pays continue de souffrir des graves conséquences des agissements de charlatans qui ont abusé des aspirations profondes des togolais au changement pour propager avec un aplomb inqualifiable les théories les théories les plus curieuses qu’une analyse sérieuse et froide aurait anéanties », a déclaré Jean-Pierre Fabre à l’entame de son adresse.
Le patron dénonce « mensonges, bluffs, leurres, mystifications et fanfaronnades » par lesquels des imposteurs ont corrompu les citoyens togolais. Il dénonce également l’agression de véritables opposants accusant sa cible d’avoir fait la part belle au pouvoir en place.
Appréciant la lutte de la Dynamique Mgr Kpodzro, qu’il se refuse de mentionner dans son discours, le leader de l’ANC pense qu’il s’agit d’un « coup d’arrêt à la lutte engagée par le peuple togolais pour s’émanciper de la dictature ».
Il accuse plusieurs « opposants » d’être en complicité avec les régime au pouvoir pour réduire et fermer des espaces de liberté conquis de hautes luttes.
Fabre et les dérives du pouvoir
Après ce coup envoyé à ses collègues de l’opposition, M. Fabre appelle le peuple togolais à se remobiliser pour continuer la lutte pour l’alternance et le changement.
Pour lui, « les récentes mascarades de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) révèlent l’absolu nécessité ». On se souvient que l’ANC avait participer à l’essentiel des travaux avant de se retirer à quelques semaines de la clôture des discussions. Les partis membres de la Dynamique Mgr Kpodzro, le CAR et d’autres formations politiques ont boycotté lesdites discussions.
M. Fabre affirme avoir confiance dans l’engagement et la détermination dont les « vrais militants de l’opposition » sont capables.
Se tournant vers le pouvoir, le maire d’Amoutivé dénonce les abus d’autorité et de pouvoir avec des entorses flagrantes aux libertés et droits fondamentaux des citoyens, l’instrumentalisation de la justice et les dérives de la gouvernance.
« Nous demandons aux autorités togolaises, de faire cesser les actes de violences exercées sur les citoyens par les éléments de forces de l’ordre et qui se traduisent par des pertes en vies humaines. Nous demandons également que les auteurs soient identifiés et remis à la justice pour être jugés et punis conformément à la loi.
Jean-Pierre Fabre condamne l’instrumentalisation de l’état d’urgence sanitaire interminable qui permet au pouvoir d’entretenir un climat de violence et de terreur dans le pays avec les graves atteintes aux droits et libertés publics, la multiplication des arrestations arbitraires, y compris de journalistes. M. Fabre fustige aussi les détentions sans jugements, l’interdiction des manifestations publiques pacifiques et les entraves au libre exercice des activités de partis politiques
Le patron de l’ANC a exigé la libération de tous les prisonniers politiques.
Jean-Pierre Fabre assure que la reconquête des espaces de liberté perdus tient à chacun des citoyens togolais. Pour y arriver, il appelle à sortir la lutte politique de l’enlisement dans lequel « une bande de prestidigitateurs l’ont plongé et tentent de l’y maintenir à la satisfaction du pouvoir ».
Union de l’opposition
S’estimant être des « vrais combattants de la démocratie », le patron de l’ANC affirme sa disponibilité à reprendre la lutte pour la libération du Togo.
S’il indique être disposé pour une union de l’opposition pour mener à bout la bataille du changement, il rejette toute idée de fusion ou d’uniformisation.
« L’union n’est pas la candidature unique. L’union mal comprise crée des dégâts considérables dans la lutte de libération du peuple togolais… Elle n’est pas une stratégie visant à éliminer un partenaire. L’union n’est pas une formule magique qui permet d’éviter la lutte pour l’assainissement du cadre électoral. Au contraire, l’union est combat qui se pratique dans la sincérité et la vérité », a relevé M. Fabre.
Pour finir, le candidat malheureux aux élections présidentielles de 2010, 2015 et 2020 appelle à décrocher de la « chimère » pour rejoindre le peuple togolais mobilisé pour la véritable alternance et le véritable changement qui feront du Togo une terre de liberté.