Ferdinand Ayité (L’Alternative) et Joël Egah (Fraternité) ont été inculpés vendredi et placés en détention. Pendant ce temps, Isidore Kouwonou, Rédacteur en chef du journal « L’Alternative » est sous contrôle judiciaire. Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) condamne cette procédure durant laquelle est appliqué « aux journalistes critiques du pouvoir » le Code pénal, en vue de faciliter leur détention. L’organisation y voit un retour aux heures sombres de la presse togolaise et un discrédit pour le gouvernement togolais.
Les journalistes sont poursuivis pour des opinions exprimées dans une émission consacrée à la décision des autorités de conditionner l’accès aux lieux de culte à la présentation du pass vaccinal ou d’un test PCR négatif. Ils ont critiqué la posture de certains membres du gouvernement, notamment les sieurs Pius AGBETOMEY et Kodjo ADEDZÉ qui sont à la fois ministres et pasteurs.
Pour le PPT, « les griefs portés contre les journalistes dans l’exercice de leur profession doivent être appréciés au regard des dispositions du Code de la presse et non du Code pénal ».
« Car, s’obstiner à appliquer aux journalistes critiques du pouvoir le Code pénal, en vue de faciliter leur détention, fait craindre un retour aux heures les plus sombres de la presse togolaise, qui a pourtant fait de la dépénalisation des délits de presse son cheval de bataille depuis 2004 », a déclaré dimanche Isidore Akollor.
Ferdinand Ayité et les autres, tout comme Carlos Ketohou
Pour l’organisation, les raccourcis juridiques et l’empressement avec lequel les journalistes sont arrêtés ces derniers temps au Togo sont de nature à favoriser un retour inquiétant de l’autocensure dans les médias et jettent par-dessus tout, du discrédit sur le gouvernement togolais.
« L’inculpation des trois journalistes et la détention de deux d’entre eux marquent une triste fin d’année pour la presse togolaise à l’instar de la précédente, qui a tristement été couronnée par le retrait du récépissé à l’hebdomadaire « L’Indépendant Express », dont le Directeur de publication, Carlos KÉTOHOU, a été victime d’une rocambolesque arrestation par des éléments du Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) puis gardé à vue pendant plusieurs jours », rappelle le président du PTT.
Le PPT appelle à la relecture des articles 3 (alinéa 2) et 5 (relatif à la presse en ligne) qui créent des conditions pour pénaliser l’usage par des journalistes des nouveaux supports médiatiques tels que les blogs, Facebook, Twitter et YouTube.
« Ces supports ne doivent pas être des goulots d’étranglement de la presse, mais plutôt des outils de travail et une extension des médias traditionnels », affirme Isidore Akollor qui invite les journalistes et les organisations professionnelles à rester mobilisés pour obtenir la libération de Ferdinand Ayité et de Joël Egah.
Par ailleurs, le PPT invite le gouvernement et le pouvoir judiciaire à faire une lecture juste de cette affaire.