Le canton de Kovié est en effervescence depuis la reconnaissance de Kossivi Zavon Mondjro IV comme chef de la localité par le conseil des ministres du 22 juin dernier. Plusieurs marches de protestations et des conférences de presses ont eu lieu. Mais depuis jeudi dernier, la tension a de nouveau monté avec l’annonce de l’intronisation du chef contesté pour le samedi 17 septembre prochain.
Kovié est confronté à un réel problème de chefferie traditionnelle avec un trône disputé par trois familles (Siabi, Saba, et Modjro). Malgré les différentes tractations, aucun terrain d’entente n’est encore trouvé. Mêmes les rencontres respectives chez le préfet de Zio et le directeur de la gendarmerie nationale n’ont rien donné.
L’intronisation du Chef reconnu par l’autorité mais contesté par les populations et les deux autres familles royales est fixée au 17 septembre prochain. Et jusque-là, il est difficile d’avoir l’adhésion des chefs de villages et surtout de la population. Les contestataires s’organisent d’ailleurs pour se faire entendre en cas d’intronisation.
Payadowa Boukpessi envenime la situation
Dans le but de convaincre les différentes parties impliquées dans cette affaire, le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi a convoqué les trois familles qui se disputent le trône royale. La rencontre qui est prévue pour calmer les ardeurs des uns et des autres, n’a pas du tout bien tournée, selon certains protagonistes.
Le ministre Boukpéssi n’a fait que mettre la poudre au feu, a indiqué un participant à la rencontre. Le ministre aurait avoué qu’il est « conscient qu’il y a eu usage de faux dans le choix du chef canton de Kovié mais il demande aux trois familles de collaborer pour faciliter l’intronisation de Modjro ce 17 septembre ».
D’autres déclarations du ministre vont provoquer le courroux de l’héritier du trône Siabi. En effet, Payadowa Boukpessi tente d’expliquer l’inexplicable en faisant croire qu’on « peut choisir un Modjro IV sans que l’histoire n’est connu un Modjro I ou II ou encore III comme chef canton de Kovié ». Pour étayer sa thèse, totalement déplacée en matière de chefferie traditionnelle en pays Ewé, le ministre avance l’exemple le choix du Pape.
M. Boukpessi a continué à choquer en indiquant que « les temps ont évolué et qu’on peut choisir celui qu’on veut » et qu’après son départ du ministère, « quelqu’un d’autre peut venir introniser un autre chef s’il veut ».
Selon les confidences du fils héritier Togbui Sylvain Kossi Siabi IV, le ministre Boukpessi lui a promis le poste de Maire de Kovié (à l’issue des élections locales dont les dates ne sont jamais annoncées) en échange du trône royale de Kovié. Ce que le jeune héritier a rejeté avec force. « Je ne vendrai jamais le trône royale qui est un héritage ancestral pour un quelconque poste administratif », affirme-t-il avoir annoncé au ministre.
Des réactions du ministre qui ont fait conclure qu’il a conscience que la chefferie ne revenait pas à la famille Modjro mais plutôt à la famille Siabi.
Adédzé, Noagbodji et Awagnon pris à partie
A Kovié, la plupart des sages de la localité mettent en cause certains cadres de la localité qui auraient créé la situation actuelle en voulant placer leur homme de main par un passage en force. Ces cadres, membres du parti au pouvoir, auraient même bluffé le Chef de l’Etat afin que le décret de reconnaissance de Modjro soit signé au détriment de celui qui devrait permettre au jeune Sylvain Kossi Siabi de succéder à son père, décédé en 2009.
Et alors que la tension est encore vivace, les informations indiquent le samedi passé, une délégation composée de Jean Marie Noagbodji, le Directeur général de café informatique, Awagnon ancien modérateur de l’église presbytérienne, Kodjo Adedze, le Commissaire des douanes a été prise à partie par des jeunes survoltés chez Togbui Saba, l’un des prétendant au trône. A plusieurs reprises, le commissaire des douanes, Kodjo Adedze est accusé par la famille Siabi d’être à la base de la situation actuelle et d’avoir tout fait pour déposséder le jeune héritier du trône royal.
Certaines indiscrétions précisent ces cadres se rendaient au domicile du sieur Saba pour le convaincre de rentrer dans les rangs pour laisser l’autre camp en minorité. Ils ont dû prendre la poudre d’escampette pour échapper aux lynchages.
Des signes qui montrent que l’intronisation prévue pour le 17 septembre 2016 aura des difficultés pour se tenir.
Selon nos informations, une note serait envoyée à la présidence de la république, la primature, la cours constitutionnelle, l’Assemblée nationale, la commission nationale des droit de l’homme, une ampliation faite au ministre de l’administration territoriale pour situer la responsabilité en cas de violences à Kovié le samedi prochain.
Pour les populations de Kovié, le Chef de la localité se désigne par le Conseil des sages et non par des cadres qui sont à Lomé et qui disent parler au nom de la localité.
Nous y reviendrons !