La transition en cours au Mali à la suite du coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) connaît depuis lundi de sérieuses difficultés. Des militaires du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), ex-junte ayant déposé IBK reviennent à la charge. Quelques heures après la formation d’un nouveau gouvernement, ces militaires ont arrêté le président de la transition Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane.
Le président de la transition et son Premier ministre ont été interpellés par des militaires et conduits au camp de Kati. Le tout nouveau ministre de la défense, le général Souleymane Doucouré est aussi arrêté, selon des informations venant de Bamako. Ce camp a servi de base en août dernier au putsch contre le président IBK qui a fini par rendre le tablier, sous la pression des militaires.
Les militaires reviennent à la charge alors qu’une transition est en cours depuis bientôt dix mois et devrait aboutir à des élections générales en février 2022. Transition qui n’a pas la chance d’aboutir.
Des militaires mécontents de la composition d’un nouveau gouvernement qui venait d’être annoncé ont décidé d’arrêter le Chef de la transition et son Premier ministre.
Des mouvements de troupes ont été observés au camp militaire de Kati juste après la publication de la nouvelle équipe gouvernementale à la télévision nationale, ORTM.
Des observateurs expliquent la nouvelle entreprise des militaires par la mise à l’écart, dans le gouvernement Moctar Ouane II, de deux membres influents de l’ex-Conseil national pour le salut du peuple (CNSP). Cette junte qui a mené le putsch du 18 août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) continue de veiller au grain, malgré sa dissolution.
Dans le nouveau gouvernement, le colonel Modibo Koné est remplacé au poste de ministre de la Sécurité et de la Protection civile par le général Mamadou Lamine Ballo. Dans le même temps, le colonel Sadio Camara est aussi remplacé au ministère de la Défense par le général Souleymane Doucouré.
La transition tchadienne, une inspiration ?
Bien que dominé par les militaires, le nouveau gouvernement d’ouverture de Bah N’Daw n’est pas du goût des militaires proches d’Assimi Goïta, le chef de l’ex-junte, qui continue de tenir le pays en réalité.
Celui qui démontre avec les derniers évènements. Après près de dix mois passé à la tête du Mali, Bah N’Daw dont le mandat s’achèvera en février 2022, passe finalement à la même sauce que l’ex-président IBK qu’il a remplacé.
Ce nouveau putsch s’opère alors que l’exemple tchadien, pratiquement approuvé par les dirigeants du monde, est encore dans l’actualité. Alors qu’à la suite de la disparition d’Idriss Deby Itno on s’attendait au respect de la constitution pour une transition civile, un conseil militaire a confié le pouvoir au fils du maréchal du Tchad. Un putsch constitutionnel approuvé par la France et qui n’a pas été condamné par les dirigeants africains.
Les militaires maliens pourraient s’inspirer de cette actualité encore fraîche au cas où leur 2e coup d’Etat en moins d’un an aboutissait pour garder le pouvoir tout en promettant une hypothétique élection dont la durée sera certainement longue.