Le Président national du parti politique ADDI, Alliance Démocratique pour le Développement Intégral n’est pas du tout fier que les Togolais aient vite passé à l’as la dernière lettre des Evêques du Togo, les rappelant la nécessité des réformes politiques. Très préoccupé par le contenu de cette note, le Professeur Aimé Guogué a fait mercredi une intervention inopinée sur les réseaux sociaux pour dire brièvement ce qu’il pensait de ce document de quelques pages. Aimé Gogué justifie sa réaction au micro de Togo Breaking News dans l’interview ci-après.
Togo Breaking News : Quelle analyse faites-vous de la lettre des Evêques ?
Aimé Gogué : C’est une lettre qui sort de l’ordinaire. Même si cette lettre a trait à l’actualité je pense qu’elle sort de l’ordinaire, puisqu’elle interpelait toutes les couches sociales de ce pays : la classe politique, la société civile, les chrétiens et surtout nos gouvernants. C’est dans ce sens que je trouve qu’il est important que les Togolais s’approprient de cette lettre contenant des idées essentielles.
Togo Breaking News : En tant qu’un des leaders d’une opposition interpellée, que comptez-vous faire au niveau de votre parti ?
Aimé Gogué : Ce que nous comptons faire au sein de l’ADDI, avec la lettre, nous avons d’ailleurs déjà commencé, c’est de la distribuer à toutes nos fédérations ; leur demander de la lire attentivement et minutieusement. Après nous irons expliquer à nos militants son contenu, ses objectifs et leur dire au fin de compte ce qu’il faut en faire avec.
Togo Breaking News : Avez-vous oublié les revendications concernant les réformes constitutionnelles et institutionnelles comme l’estiment les Evêques ?
Aimé Gogué : Pour nous, la question des réformes demeure d’actualité. Mais nous réalisons que, aussi longtemps qu’on juge que les politiques ne sont pas crédibles, nous ne pouvons pas avancer. Nous, depuis longtemps on a voulu parler des réformes mais on se dit à quoi cela servira quand tout le temps on est taché d’incrédules. Le fait frappant, c’est que lorsque j’ai battu campagne lors de la dernière élection présidentielle, j’ai remarqué que partout au Togo, que les gens soient de l’UNIR, de l’UFC, de l’ADDI et autres, tous veulent les réformes. Cependant si quelqu’un, traité d’incrédule parle de quelque chose que tout le monde veut, il va de soi que cela n’aura pas de succès. C’est seulement lorsque tous les Togolais qui se sentent concernés par ces réformes se sentiront obligés de les revendiquer, que celles-ci pourraient être opérées.
Nous, nous sommes quand même en train de penser à des initiatives que nous allons prendre dans ce sens, mais aussi longtemps que les Togolais ne se sentent pas concernés, cela donnera les mêmes résultats que lorsque nous avons introduit la proposition de loi portant révision de la constitution à la veille de l’élection.
Togo Breaking News : Pour vous l’opposition ne devrait pas être tenue tout le temps pour responsable des échecs. Que pensez-vous que les autres composantes de la société et le pouvoir doivent faire pour sortir de l’impasse ?
Aimé Gogué : D’abord le pouvoir doit savoir qu’on ne dirige pas un pays en faisant seulement tout pour rester au pouvoir ; c’est totalement inadmissible et c’est seulement au Togo où on voit ça. C’est aussi extrêmement grave que la jeunesse interprète le fait que le pouvoir appartient tout le temps aux mêmes personnes signifie que l’opposition est incapable d’avoir une stratégie conséquente. Quand on est ministre c’est pour servir le peuple, comprendre les besoins de la population et agir.
La population quant à elle doit pouvoir exprimer clairement ce qu’elle veut. Ne pas se confiner chez soi pour dire que l’opposition seule n’a qu’à revendiquer ; chacun doit se lever pour revendiquer. Regarder les Organisations de la Société Civile, j’ai été choqué, je leur avais dit en 2010 ; d’aller observer les élections, c’est bien. C’est comme si vous êtes là, vous voyez quelqu’un qui va voler, vous attendez pour constater qu’il a volé, à quoi ça sert pour la société ? Empêcher le de voler.
C’est comme lors de la dernière présidentielle, certains observateurs de la société civile qui m’appellent pour me dire qu’il y a des fraudes qui se font à un certain endroit au lieu de réagir. Agir aussi seul, sans l’ordre des opposants, c’est ce à quoi nous interpelons tous les citoyens togolais.