C’est à un grand oral que Gilbert Bawara s’est prêté dimanche. Le ministre togolais de la fonction publique, du travail, de la réforme administration et de la protection sociale est revenu sur l’actualité sociopolitique togolaise à 6 mois de l’élection présidentielle de 2020. Celui qui fait office de porte-parole du gouvernement togolais a abordé les questions liées à la loi sur les manifestations publiques, le problème des enseignants volontaires, la reconstruction du grand marché de Lomé, la candidature de Faure Gnassingbé à un 4e mandat sans oublier la dernière sortie de Tikpi Atchadam au sujet de 2020. M. Bawara affirme avec fermeté qu’il n’y aura pas de relecture de la loi Bodjona et avance que le leader du PNP est en perdition avant d’assurer que Faure Gnassingbé, un capitaine de bateau aguerri, devrait être de toute évidence candidat en 2020.
Intervenant dans l’émission « New World Forum » sur la télévision New World TV, c’est par la question du social que Gilbert Bawara a démarré. Le ministre rassure les enseignants volontaires et assure que le gouvernement est en train de prendre des dispositions pour qu’à l’occasion d’un prochain concours de recrutement, ils soient pris en compte.
Au sujet de la fonction publique, le patron de l’administration togolaise indique qu’il ne pourra pas laisser des gens intégrer la fonction publique sans concours. Accusant un ancien Premier ministre togolais d’avoir procédé ainsi, Gilbert Bawara estime que cette pratique est contraire aux lois de la République. Le ministre est revenu sur les multiples efforts du gouvernement tendant à l’amélioration des conditions des enseignants togolais ces dernières années.
« Sans fausse modestie, le secteur de l’éduction avec celui de la santé, est celui qui a bénéficié le plus d’actions et de mesures tendant à l’amélioration des conditions de vie et de travail notamment en termes de salaire », a déclaré le ministre relevant qu’en 2018, 1 milliards de Fcfa avait été décaissé pour payer les primes et en cette année 2019, 2 milliards ont été débloqués.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, il informe que des efforts sont en cours pour régler la plateforme revendicative des enseignants-chercheurs. Des échanges ont eu lieu durant le mois d’août en ce qui concerne le respect de l’engagement du gouvernement. Une solution est également en vue pour l’intégration des enseignants-chercheurs contractuels dans la fonction publique afin qu’ils puissent être désormais affiliés à la Caisse de retraite du Togo (CRT).
Le ministre annonce l’adoption de la réforme du code du travail avant de la fin de cette année. Le souci selon lui, est d’améliorer l’environnement des affaires et garantir la sécurité et la protection des travailleurs à travers l’instauration obligatoire de l’assurance maladie. Dans ce sens, il a indiqué que les règles du tâcheronnat et de la sous-traitance seront revues. Pour Gilbert Bawara, le travail essentiel a été fait et il reste la concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux.
« Je souhaite que dans toute les sociétés du privé, les employeurs aient le souci que les travailleurs ne sont pas des bêtes de sommes mais doivent être respectés en termes de conditions de rémunération, de santé et de sécurité. En contrepartie, j’exhorte les travailleurs du privé à considérer les entreprises comme étant leur propriété avec leur patron », a-t-il laissé entendre.
Prochaine révision du statut général de la fonction publique
Le patron de l’administration togolaise est revenu sur le statut général de la fonction publique. Pour lui, ce texte a vocation à être revu pour intégrer des exigences de rendement. Gilbert Bawara pense qu’il ne doit pas y avoir des fonctionnaires qui doivent avoir de salaire et avancer automatiquement sans rendement.
« Nous avons hérité une culture du fonctionnariat, une fonction publique statutaire. Nous devons voir ce qui peut être amélioré pour que chacun, même fonctionnaire se sente acteur du développement du pays », a-t-il avancé.
Cette réforme, selon lui, doit tendre vers l’amélioration de la productivité et du rendement et qu’en contrepartie les salaires soient revus.
Le sujet de la vie chère était également au rendez-vous. Le ministre note que la demande de l’amélioration des conditions de vie est une demande légitime. Il estime que le gouvernement fait des efforts en veillant à ce que les services sociaux de base, les routes, soient une réalité. Toutefois, il pense qu’il n’y a pas un moyen de faire la magie.
« Je vois les efforts faits par le chef de l’Etat. Je compare avec les pays de la sous-région. Nous ne sommes pas le pays où les salaires sont réduits… Nous ne sommes pas le pays où le droit de grève est limité à dix jours par an. Nous ne sommes pas un pays où le leader de l’opposition serait confiné dans sa maison durant plusieurs jours. Nous sommes un pays où le Chef de l’Etat est un homme d’écoute et conscient de la fragilité de la société… Qu’il y ait encore des insatisfactions, nous comprenons mais dire qu’il y a une volonté de maltraiter des togolais, ce n’est pas vrai », a martelé M. Bawara.
Evoquant l’invite faite au gouvernement par l’ONU de fermer la prison civile de Lomé, le ministre pense qu’il y aura des efforts pour améliorer les conditions des détentions. Pour lui, s’il faut examiner la possibilité de visite des familles dans la solution à ce problème s’il fallait délocaliser cette prison qui est vraiment exiguë.
Pas de relecture de la loi sur les manifestations
« Nous sommes mieux placés en tant que gouvernement et en tant que togolais pour savoir ce qui est dans l’intérêt de la sécurité et de la paix au Togo. Personne d’autre. Dans la loi régissant les manifestations, il y a un certain nombre de limitation concernant les endroits pouvant accueillir les manifestations. Ce n’est pas une invention togolaise ».
C’est en ces termes que Gilbert Bawara répond à la lettre des Nations unies sur la loi Bodjona. L’ancien fonctionnaire du HCDH affirme que les dispositions de la nouvelle version de la loi ne sont pas une innovation togolaise.
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M. Bawara note que dans une sous-région en proie à du terrorisme, il est nécessaire de s’assurer qu’il n’y ait pas d’actes qui mettent à mal la sécurité du territoire national.
Toujours à ce sujet, le ministre de Faure Gnassingbé affirme qu’il n’y aura pas de relecture de la loi sur les manifestations telle que révisée en août dernier par les députés. Pour lui, c’est une version adoptée sur la base de l’expérience de la gestion de la crise que le pays a connue.
La présidentielle de 2020, Jean-Pierre Fabre et Tikpi Atchadam
L’élection présidentielle de 2020, c’est dans moins de 6 mois. Des candidats se sont déclarés et d’autre sont pressentis. Le ministre de Faure Gnassingbé affirme que rien n’est joué d’avance. Tous les adversaires sont pris au sérieux, dit-il.
Gilbert Bawara indique que le parti Unir aborde cette élection avec beaucoup d’humilité, « avec sens de beaucoup de choses déjà accomplies mais également avec la conscience que beaucoup de choses reste à faire ». Pour lui, le moment venu, le candidat du parti présentera son projet pour construire un meilleur Togo.
Mais M. Bawara note que le pays traverse une époque difficile et qu’il faut un capitaine de bateau aguerri. Ce n’est pas, dit-il, le moment des improvisations et de l’expérimentation.
« En ce qui concerne le parti UNIR, la question de la candidature du Président Faure ne se pose même pas. Si vous avez Messi qui est en pleine possession de sa forme et pour un match décisive vous le mettez à la touche, vous êtes criminels… L’intérêt national est de faire en sorte que le pays continue sa marche vers le développement », a laissé entendre avant d’estimer qu’une nouvelle candidature de Faure Gnassingbé est une évidence.
Le ministre de la fonction publique n’a pas manqué de se prononcer sur la lettre de Jean-Pierre Fabre au Premier ministre au sujet de la reconstruction du Grand marché de Lomé. Le bras droit de Faure Gnassingbé fait observer que le marché en question est un marché d’intérêt national.
A l’occasion, Gilbert Bawara fustige un comportement autocratique du maire de la Commune d’Amoutivé. Il pointe du doigt un amateurisme et une attitude de défiance envers le Premier ministre.
« Je sais que nous avons besoin de temps pour apprendre… Les maires ou les conseillers municipaux qui se mettraient dans un esprit de rivalité ou de défiance apprendraient pour leur compte… Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne », a-t-il dit avant de conseiller le recul à M. Fabre.
Pour finir, M. Bawara a commenté la dernière sortie de Tikpi Atchadam. Le ministre estime que le leader du PNP se trouve dans une aventure solitaire et est tout simplement en perdition.
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